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Enigme du 6 février 2017

Ce n'était pas un alsacien, son père fabriquait des faux (et peut-être même des vrais, allez savoir) au bord de la Semène. Mais il lui est arrivé de fredonner nos chansons, après avoir lâché Hérodiade... Il a ainsi traversé tout un dimanche, depuis le réveil tranquille pour aller danser dans un cabaret... Il s'est reposé à l'ombre d'Unterlinden pour se préparer à faire la fête au soir tombé avec notre Jean, sans avoir peur des moustiques. Et ces quelques scènes de notre dimanche sont devenues musique. Qui est-ce ?

Réponse : Jules Massenet

En effet, il n'était pas alsacien : il est né près de Saint Etienne en 1842 où son père fabriquait des lames de faux dans une petite usine au bord d'un rivière appelée Semène... Il est intéressé très tôt par la musique, notamment lyrique. Mais il a écrit aussi une quinzaine d'œuvres symphoniques, dont 7 suites pour orchestre sur divers thèmes ; une seule est consacrée à une région française, l'Alsace, écrite en 1882, peu après l'opéra Hérodiade. Mais l'inspiration est antérieure : c'est un peu pour le compositeur la nostalgie de la province perdue qu'il a découverte à l'occasion de la guerre de 1870 et qui lui avait fait une forte impression. Pour la première exécution, Alphonse Daudet a écrit un texte qui soutient la musique :
"Alsace ! Alsace !... Maintenant surtout que l'Alsace est murée, il me revient de ce pays perdu toutes mes impressions d'autrefois ...
Je me rappelle avec bonheur le dimanche matin, à l'heure des offices ; les rues désertes, les maisons vides avec quelques vieux qui se chauffent devant leurs portes, l'église pleine ... et les chants religieux entendus au passage ...
(1er mouvement, intitulé "Dimanche matin")

Et le Cabaret, dans la grande rue, avec ses petits vitraux encadrés de plomb, enguirlandés de houblon et de roses ...
Oh là, Schmidt, à boire !...
Et la chanson des gardes forestiers se rendant au tir !...
Oh ! la joyeuse vie et les gais compagnons !...
(2ème mouvement, "Au Cabaret")

Plus loin encore, c'était toujours le même village, mais avec le grand silence des après-midi d'été ... et tout au bout du pays, la longue avenue de tilleuls, à l'ombre desquels, la main dans la main, marchait paisiblement un couple d'amoureux, elle, doucement penchée vers lui et murmurant bien bas : "M'aimeras-tu toujours ?...
(3ème mouvement, "Sous les Tilleuls" = Unterlinden...)

Aussi le soir, sur la grand'place, que de bruit, que de mouvement !... tout le monde sur les portes, les bandes de petits blondins dans la rue ... et les danses que rythmaient les chants du pays ...
Huit heures !... le bruit des tambours, le chant des clairons ... c'était la retraite, la retraite française !... Alsace ! Alsace !...
Et quand dans le lointain s'éteignait le dernier roulement du tambour, les femmes appelaient les enfants sur la route ... les vieux rallumaient leurs bonnes grosses pipes et, au son des violons, la danse joyeuse recommençait en rondes plus pressées, en couples plus serrés."
(4ème mouvement, "Dimanche soir")
On entend en effet dans le 4ème mouvement le thème du Hans'm Schnockeloch mais aussi les tambours et les appels de clairon qui évoquent la retraite à laquelle il avait participé. Ces scènes alsaciennes ne sont peut-être pas un chef d'œuvre de la musique symphonique, mais le témoignage d'un jeune observateur sur notre pays...

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